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La vie est mutation et multiplicité.
Paul B. Preciado
L’Espace Maurice a le plaisir d’inaugurer son nouveau local, en présentant la première exposition solo de Cléo Sjölander.
Celle-ci a pour titre Exuvie, ce qui signifie le rejet cutané de certains animaux. Les œuvres, constate-t-on, établissent un lien entre le revêtement externe des corps et la construction d’un ensemble de mutation, en illustrant les formations organiques qui composent les êtres vivants. Un séjour sur la Côte Nord a inspiré l’artiste de façon tangible. Ses œuvres expriment le mouvement cyclique, celui qui, à travers chaque étape de sa régénération, forme les espèces.
Les sculptures présentes font état de l’éphémérité, des structures de la peau et des corps que nous habitons. Les résidus d’enveloppes corporelles sont ici signes d’un état de latence qui prône l’adoption d’un circuit vital en constante alternance. Elles confrontent les regardeur.euse.s à un passage entre des formes évoquant les transformations de la matière organique. De ces propositions émergent des reliques et des paysages issus de la biodiversité, synonymes des multiples facettes de notre environnement.
Ses œuvres mettent de l’avant l’étude des corps et des variations successives et illustrent la formation des barrières protectrices. La constitution des sculptures manifeste, à juste titre, avec ses excroissances, ses épines et ses liquides, la formation de nouvelles peaux. Ses protections mettent en lumière les stratégies d’autodéfense, à travers diverses étapes évolutives. En dépit de la dimension corporelle, cette installation propose des sculptures de tailles différentes, à mi-chemin entre la chute des stéréotypes normatifs et le renouvellement d’un courant de pensée, plus inclusif dans sa manière d’éclaircir le concept du “corps”.
La séquence des œuvres présente le détournement des codes domestiques, de l’utilitaire et de l'esthétisme. Miseenplacedanslaperspectivedel’histoirepatriarcale,ellerevisitelesnotions issues de l'inconscient, de la construction des discours et de la prise de paroles. La séquence des œuvres nous questionne sur notre apparence, nos diverses facettes, et le fait de se délester en passant d’un corps à un autre. Le passage forcé de nos corps aux travers des différentes métamorphoses inhérentes au temps nous rappelle ici que nous sommes le façonnement et le résultat de nombreux changements.
Philippe Bourdeau, Octobre 2021
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EN
Life is mutation and multiplicity.
Paul B. Preciado
Espace Maurice is pleased to inaugurate its new space by presenting the first solo exhibition of Cléo Sjölander.
The title of this exhibition is Exuvie, which is the term used to describe the skin after the molting of certain animals. The works establish a link between the external coating of bodies and the construction of an assemblage of mutations, evoking the organic matter that makes up living beings. A trip on the North shore of Quebec inspired the artist to make works that express this cyclical movement, that, through each stage of its regeneration, forms species.
The sculptures present a state of ephemerality, a state which is at the heart of the structures of the skins that we inhabit. Here, the residues of body-envelopes are signs of a state of latency which extols the adoption of a vital circuit, in constant alternation. They confront the viewers to a passage between forms, evoking the transformations of organic matter. From these proposals emerge relics and landscapes echoing a biodiversity that is synonymous with the multiple facets of our environment.
Their work puts forward the study of organic substances in successive variation, illustrating the formation of protective barriers. With their excrescences, their spines and their liquids, the anatomy of the sculptures manifest, befittingly, the formation of new epidermises. These multifaceted protections highlight strategies of self-defence that shift through various evolutionary stages. In spite of the bodily dimension of these pieces, the installation proposes sculptures of different sizes –between the fall of normative embodiment and the renewal of discourse – which form a more inclusive and elusive way of reconfiguring the concept of “the body”.
The sequence of works presents a détournement of domestic codes, of what is ruled by utilitarianism and aestheticism. Taking place within and despite the perspective of patriarchal history, this exhibition asks us to revisit the collective unconscious, with its discursive constructions and acts of speech. The sequence of the works questions us on our appearance and various facets, which makes us consider what it means to leave oneself behind when moving from one form to another. The forced passage of our bodies through the metamorphoses inherent to time reminds us that we are perpetually being shaped, forever the result of many shifts.
Philippe Bourdeau, October 2021
Translated by Alegría Gobeil