Démarche



Ma pratique interdisciplinaire s'attarde aux notions d’adaptation, de protection et de transformation, explorées à travers l’installation sculpturale et la photographie. Plus précisément, mon travail questionne la manière dont chaque espèce — animale, végétale ou humaine — répond à l’hostilité de son environnement en développant des mécanismes instinctifs de protection, qu’ils soient physiques, psychologiques, visibles ou invisibles.

Depuis plusieurs années, j’explore les parallèles entre les mécanismes de défense des animaux, des plantes et des humains. Nombreux sont les êtres vivants, animaux ou végétaux, qui possèdent des protections tangibles directement adaptées à leur environnement : carapace, mimétisme, venin. Chez les humains, ces réponses adaptatives, conscientes ou subconscientes, se traduisent par des stratégies de défense psychologiques. Je m'intéresse à l’adaptation comme une réponse sensible à la vulnérabilité, un moyen de définir et de construire des refuges contre les forces oppressives de la normativité.

Mon travail découle d’un désir de guérison et d’empouvoirement. Par le façonnage de la matière, je cherche à déconstruire les rapports de domination instaurés par les structures capitalistes et patriarcales, qui gouvernent tant l’existence humaine que celle de la nature. À travers une posture écoféministe, les gestes de pétrissage de matières organiques et l’installation elles-mêmes portent la trace d’un rituel, inspiré par l’héritage de la sorcellerie et de la magie.

Je travaille principalement avec l'argile, le métal, des éléments organiques, le latex et le tissu pour créer des objets qui symbolisent la transformation et la mutation. Formellement, je m’intéresse particulièrement à l’aspect haptique des matériaux — ce qui est à la fois attrayant et repoussant —, tel un rhizome de matières qui invite à une exploration tactile et sensorielle. À travers cette démarche, je cherche à interroger et à matérialiser les mécanismes défensifs qui nous permettent de filtrer notre environnement et de (re)définir nos limites.


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My interdisciplinary practice focuses on the concepts of adaptation, protection, and transformation through sculptural installation and photography. More specifically, my work examines how each species—animal, plant, or human—responds to the hostility of its environment by developing instinctive mechanisms of protection, whether physical, psychological, visible, or invisible.

For several years, I have explored the parallels between the defense mechanisms of animals, plants, and humans. Many animals and plants possess tangible forms of protection directly related to their environment: shells, camouflage, venom. In humans, these adaptive responses, conscious or subconscious, manifest through various psychological defense strategies. I am particularly interested in adaptation as a sensitive response to vulnerability, as a way to define and build refuges against oppressive normativity.

My work arises from healing desire and empowerment. Through shaping materials, I seek to dismantle the power structures established by capitalist and patriarchal systems that govern both human existence and nature. From an ecofeminist perspective, the kneading of organic materials and the installation itself bear the traces of ritualized gestures inspired by the heritage of witchcraft and magic.

I primarily work with clay, metal, organic elements, latex, and fabric to create objects that symbolize transformation and mutation. Formally, I am particularly interested in the haptic aspect of materials—both alluring and repulsive—reminiscent of a rhizome of materials that invites tactile and sensory exploration. Through this approach, I aim to question and materialize the defensive mechanisms that allow us to filter our environment and (re)define our boundaries.